Le choix d’orientation: entre angoisse et excitation!
A force d’entendre dans les médias (et ailleurs) les chiffres du chômage qui ne cessent d’augmenter, les statistiques du chômage des jeunes, les difficultés d’insertion pour les jeunes diplômés, quand il s’agit pour les collégiens, les lycéens et les étudiants de choisir une filière et implicitement de choisir un métier, c’est une véritable angoisse qu’il faut canaliser. Une autre émotion grandit naturellement au côté de cette angoisse devant cette période charnière de la vie des lycéens et étudiants: l’excitation. L’excitation de l’indépendance, pour beaucoup, débuter des études supérieures signifie quitter le cocon familial rassurant et goûter à l’autonomie. L’excitation de rentrer dans un « monde de grand », de choisir d’organiser sa vie et son temps comme on l’entend, de ne plus répondre aux demandes familiales quotidiennes vécues comme pesantes à cet âge-là. L’excitation d’étudier pour se préparer concrètement à l’exercice d’un métier, l’excitation de choisir, d’exister…
Cette ambivalence de sentiments, cette ambivalence d’émotions à la fois positives et négatives est nécessaire au développement du projet professionnel et permet de confronter principe de réalité et principe de plaisir. Lorsque l’un prend le pas sur l’autre, on arrive à des situations néfastes en terme d’orientation mais qui peuvent aussi conduire à des mises en danger de la part des grands adolescents.
Lorsque l‘excitation est au premier plan, effaçant l’angoisse, il y a ceux qui pensent, avec une sorte de déni défensif que tout est possible, qu’ils arriveront au bout de leur ambition, qu’il leur suffit de travailler pour y arriver. Parfois, c’est vrai. Souvent, la confrontation au « principe de réalité » est une douche froide. La sélection est très dure, les études demandent énormément de travail, et face à cette réalité surprenante, un des moyens de ne pas perdre la face, est alors d’abandonner. Ne pas trop s’impliquer pour éviter un échec trop douloureux narcissiquement. Rebondir après ça demandera beaucoup de maturité et de réflexion pour analyser et comprendre son échec et son propre fonctionnement face à la difficulté, mais également pouvoir reconstruire un projet cohérent adapté à son potentiel, à son parcours scolaire et professionnel et aux réalités conjoncturelles.
A l’inverse, lorsque l’angoisse prend le dessus, on arrive à des situations qui peuvent être très difficiles à vivre pour la personne. L’angoisse peut devenir paralysante et inhiber toute action. A intensité importante, on peut voir se développer des troubles anxio-dépressifs, voire des phobies scolaires. Il n’est pas rare de voir des jeunes en bilan ou en consultation psychologique qui se dévalorisent, qui ont de faibles ambitions car ne s’estiment pas à la hauteur de l’exigence demandée ou imposée par eux-même. En travaillant sur cette angoisse, sur cette estime de soi, en revalorisant à juste titre les compétences et le potentiel de la personne, ces jeunes-là peuvent modifier leur schéma cognitif et leur propre image d’eux-même. Ils sont alors en mesure de développer un projet cohérent, de développer leurs ambitions et de réussir un projet qui leur semblait impossible.
D’un point de vue psychologique, l’ambivalence de ses deux émotions est nécessaire au bon développement du projet professionnel. L’affect positif apporte la motivation, permet de se projeter dans l’avenir et donne l’énergie nécessaire à l’élaboration psychique du travail de réflexion dans le choix d’orientation. L’affect négatif lui préserve de la toute puissance et permet de se confronter à la réalité qui n’est pas toujours douce pour les jeunes étudiants.